
Il échappe à l’État car, dans ce domaine, il n’y a plus d’État !
D’abord, il ne protège pas suffisamment ses frontières.
Ensuite, la gestion de l’asile a été sous-traitée à des associations subventionnées, militant pour l’accueil des étrangers.
En outre, le gouvernement des juges impose une législation favorable aux demandeurs d’asile.
Enfin, l’Office des Étrangers échappe à toute tutelle en dehors d’une simple tutelle budgétaire : l’officier de protection de l’OE détermine lui-même qui est habilité à rentrer sur le territoire belge et non l’État. Il y a un délitement généralisé de l’État.
La jurisprudence européenne, notamment via la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), fait aussi obstacle à la possibilité de l’État de réguler le droit d’asile en sanctuarisant celui-ci, via sa Charte des droits fondamentaux de l’an 2000.
Frontex, étant considérée par certains députés européens comme trop axée sur la défense des frontières, s’est vue remodelée en agence officielle de passeurs institutionnels. Les agents Frontex n’ont pas le droit de refouler quiconque, ils ont l’obligation de protéger, d’accompagner en lieu sûr (c.à.d. faire entrer dans l’UE), de recenser tout migrant intercepté.
Et une fois, les pieds en territoire UE, tout le monde sait bien qu’il est pratiquement impossible de faire quitter le territoire aux étrangers qui s’y refusent. Donc les dés sont pipés dès le début. Nous sommes condamnés à être progressivement submergés.
Comment sommes-nous parvenus à une telle impuissance ?
Par l’alliance entre politiciens opportunistes, chasseurs de voix, des militants, des hauts fonctionnaires et des hauts magistrats. Certains de ceux-ci sont, par exemple, membres d’ONG prônant la Belgique comme terre d’asile, terre d’exil. Dans les années 1970, il y avait en Belgique une politique encore assez stricte sur l’immigration, puis tout a été détricoté. Notamment, dans les années 1980 la gauche (le PS et son instigateur Serge Moureaux) régularise des douzaines de milliers d’étrangers en situation irrégulière.
En ne faisant pas de l’encadrement du droit d’asile une priorité, on est parvenu à des demandes exponentielles, depuis 2022, il y a chaque année quatre fois plus de demandeurs d’asile qu’en 2010… Cela explose. En 2024, il y a eu 66 044 arrivées légales (43 000 en 2022) additionnées à 39 615 demandes d’asile, soit plus de 105 000 personnes étrangères qui sont arrivées en Belgique.
L’asile est une machine à légalisation. En 2024, sur les 39 615 demandes d’asile (principalement des Palestiniens, des Syriens, des Afghans, des Érythréens, des Turcs), 50,4 % ont leur demande acceptée par l’OE, contre 43 % en 2022 et seulement 14 % en 2012. Et 35 % des dossiers qui ont été refusés voient ce refus annulé par le Conseil du Contentieux des Étrangers. (Sources : Fedasil, Commissariat Général aux Réfugiés et Apatrides Statbel)
Le nombre de demandeurs d’asile ne cesse d’augmenter et, pire encore, le taux de protection moyen (l’octroi du statut de réfugié ou de protection subsidiaire) ne cesse d’augmenter.
La politique menée en pratique méconnaît la défense des frontières. Si l’État veut reprendre la main en matière de droit d’asile aujourd’hui, il n’a qu’une seule possibilité : modifier la Constitution. Le référendum étant inconstitutionnel en Belgique.
Encore faut-il trouver le courage et la volonté politiques… Mais si, en Région de BXL-Capitale et en Région wallonne, PS, PTB et Écolo disent non, il est mathématiquement impossible de parvenir à un accord politique afin de modifier la Constitution.
Mais le citoyen peut aussi essayer de changer les choses aux prochaines élections (2029 ?), en votant pour des députés européens proposant une politique conforme à une vision restrictive du droit d’asile.
Et si on nous demandait quel dysfonctionnement nous paraît le plus important concernant le droit d’asile, j’aimerais répondre tous… Tant que la frontière ne sera pas tenue, cela ira de mal en pis. La frontière c’est l’État. Si elle n’est pas défendue, il ne l’est pas non plus.
On est frappé par le militantisme des associations à qui l’État délègue la gestion du droit d’asile. Commissariat Général aux Réfugiés et aux Apatrides, Office des Étrangers, Fedasil, Conseil du Contentieux des Étrangers ; toutes des institutions où grouillent de véritables militants de l’asile, dans une splendide et surréaliste confusion des intérêts : un petit peu comme si les édiles de la ville demandaient à Al Capone de décider qui sera habilité à intégrer les forces de police du Chicago des années 1930…
Ces associations orientées à gauche et à l’extrême gauche ont comme devise le fameux « No borders ». Elles n’hésitent pas à aller à contre-courant des décisions prises par l’État, parfois guidées par leur idéologie.
Il est toujours intéressant de se pencher sur leur histoire. Par exemple, l’une des plus importantes associations belges de soutien aux demandeurs d’asile, a été fondée fin des années 1970 par d’anciens membres (très politiquement engagés, la plupart déclarés persona non grata en Israël et tous sur les radars des agences de renseignement occidentales) de deux ONG connues pour leur aide apportée au Front de Libération de la Palestine et accusées d’être au service du communisme international. Ce n’est pas un hasard si ce genre d’association s’investit dans des causes qui entraînent un lent processus de décomposition de l’État.



Une réponse à “Le traitement de l’asile échappe de plus en plus à l’État”
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