La droite qui innove, la Belgique qui avance

Nos agriculteurs vont se faire empapaouter


La Commission européenne cherche à faire, le plus rapidement possible, formellement adopter, par les pays membres de l’UE, une version corrigée de la « zone de libre-échange approfondie et complète » (ZLEA) avec l’Ukraine, le cadre qui régit les relations commerciales entre les deux partis, en place depuis 2016.

Pour contenter les producteurs ukrainiens tout en ménageant les secteurs européens identifiés comme sensibles, notamment l’agroalimentaire, la Commission affirme avoir trouvé un entre-deux, en accordant à Kiev une amélioration de l’accès au marché européen par rapport aux conditions d’avant-guerre, sans toutefois rétablir totalement les mesures de libéralisation du commerce en vigueur depuis 2022.

Ces mesures commerciales autonomes (MCA), instaurées unilatéralement par Bruxelles au commencement de la guerre d’agression russe et qui ont pris fin le 5 juin dernier, avaient largement libéralisé les échanges avec l’Ukraine et permis à Kiev de compenser les pertes économiques subies pendant le conflit, en supprimant de nombreux quotas d’exportation.

Mais, vendues en deçà des prix européens par les exportateurs ukrainiens, ces denrées se sont ensuite retrouvées au cœur d’une violente contestation politique et sociale dans de nombreux pays de l’Union, où les agriculteurs dénonçaient une concurrence déloyale venue de l’Est et des prix tirés artificiellement vers le bas.

L’accord trouvé en ce début juillet semble avoir pris en compte les récriminations des exploitants européens – mais aussi les demandes de Kiev, qui a fait valoir que le retour à l’accord d’association d’origine pourrait coûter au pays 3 milliards € par an.

C’est un peu vite oublier que l’Europe a déjà octroyé, depuis février 2022, une aide globale colossale à l’Ukraine : plus de 243 milliards d’euros (aide financière et économique, militaire, humanitaire, accueil des réfugiés. Et c’est loin d’être fini.

Les nouvelles conditions maintiennent des quotas d’exportation sur liste étroite de produits « sensibles » : sucre, miel, œufs, volaille, maïs, orge ou encore beurre : oui mais voilà, ces quotas sont tous significativement augmentés par rapport à l’accord d’origine !

Dès lors je ne vois comment éviter la future colère des agriculteurs européens?

Les quotas pour les œufs passent de 6 000 à 18 000 tonnes.

Le sucre et le miel ont presque quintuplé – de 20 000 à 100 000 tonnes – tandis que ceux pour la volaille – jusqu’à 120 000 tonnes dans le nouvel accord – ont quasi doublé.

Les quotas pour la plupart des viandes – le bœuf, le porc et l’agneau – restent, eux, soi-disant inchangés par rapport à 2016.

Il faut savoir que les premiers quotas négociés n’ont jamais été respectés : ils ont pratiquement tous été dépassés dès la première année.

Dès lors les nouveaux chiffres négociés ne font qu’entériner une réalité de terrain.

Malheureusement ces nouveaux quotas rehaussés seront eux aussi, assez vite, outrageusement dépassés.

L’accord prévoit également une libéralisation totale pour plusieurs autres produits : la poudre de lait entier, le jus de raisin, les yaourts ou les champignons qui ne seront plus soumis à des quotas.

De son côté, Kiev a accepté d’augmenter de manière significative les quotas pour les importations européennes de porc, de volaille et de sucre – mais, surtout, de continuer ses efforts pour aligner ses normes agricoles (pratiquement toujours inexistantes) avec celles de l’UE.

Un processus déjà en cours (sur papier, dans les discours, mais pas sur le terrain) dans le cadre de sa demande d’adhésion, mais dont la Commission attend qu’il aboutisse en 2028.

La Commission fait semblant également d’avoir appris de ses erreurs passées : un mécanisme de sauvegarde important est prévu par l’accord, qui peut être déclenché à tout moment si un ou plusieurs États membres estiment que le niveau des importations risque de provoquer des perturbations importantes à l’échelle de l’UE ou au niveau national.

Plusieurs pays frontaliers de l’Ukraine, à commencer par la Pologne et la Hongrie, avaient déjà instauré des restrictions sur les importations, afin de protéger leurs agriculteurs, et s’étaient montrés réticents à accélérer la procédure de négociation au niveau européen.

L’accord doit désormais être formellement adopté par les pays membres, en recueillant la majorité qualifiée, soit 55 % des États membres représentant au moins 65 % de la population totale de l’UE.

Plusieurs acteurs de la filière agroalimentaire le savent bien : cet accord ne sera pas respecté (pas plus que les autres) et les fonctionnaires européens auront probablement reçu pour consigne de fermer les yeux.

Nos fonctionnaires européens sont des idéologues pathétiques qui, au nom du combat pour la liberté ukrainienne, sont prêts à sacrifier des pans entiers de l’agriculture européenne.


3 réponses à “Nos agriculteurs vont se faire empapaouter”

  1. Je pense aussi que l’Ukraine représente une concurrence déloyale. Et cela me fait peur, donc je ne veux pas que ce pays intègre l’union européenne.

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