
Pour allier la droite moderniste et le justicialisme dans le contexte belge, plusieurs stratégies politiques spécifiques à la culture du compromis et aux lignes de fracture du pays peuvent être mobilisées :
- Coalitions pragmatiques : Le système politique belge repose historiquement sur des coalitions larges et diversifiées, où le compromis entre visions différentes est la règle. Cela permet d’associer, au sein des gouvernements, des partis libéraux-modernistes et sociaux-démocrates, parfois même sur des axes originellement antagonistes, afin de produire des politiques publiques hybrides et consensuelles. Les compromis se négocient prioritairement au sommet entre les élites politiques de chaque segment communautaire et idéologique.
- Logique du consensus et du réformisme : Le pragmatisme et le réformisme tiennent une place centrale dans la culture politique belge. Plutôt que d’appliquer des modèles idéologiques purs, les acteurs privilégient une résolution concrète des problèmes par des arrangements institutionnels et sociaux. Cette dynamique pousse à chercher des solutions qui intègrent à la fois efficacité économique (attente de la droite moderniste) et protection sociale ou justice redistributive (attente justicialiste).
- Concertation et pilarisation : La « pilarisation » est l’héritage d’une société organisée selon des piliers (religieux, laïcs, socialistes, libéraux…), chacun ayant ses institutions et relais politiques. Cette stratification permet de réconcilier intérêts divergents via la concertation sociale (ex. : dialogue structurel entre patrons, syndicats, et pouvoirs publics), et d’ouvrir des espaces à des politiques modulées localement selon la couleur des majorités, ce qui favorise la coexistence des deux visions dans la pratique.
- Gestion des clivages : La Belgique est marquée par des divisions profondes (linguistiques, socio-économiques, philosophiques). Les stratégies les plus efficaces sont celles qui cherchent à désamorcer les conflits en “segmentant” les décisions (compétences régionales, communautaires) ou en ciblant les mesures (politiques socio-économiques différenciées selon les régions). Cela offre la possibilité d’adapter la synthèse droite moderniste/justicialisme aux contextes locaux.
- Fédéralisation et points d’entrée multiples : La multiplication des niveaux de pouvoir (fédéral, communautaire, régional, local) crée autant de lieux de négociation et d’opportunités pour que les philosophies de droite innovante et de justice sociale puissent se rencontrer dans des politiques adaptées à chaque niveau, plutôt que dans un modèle univoque et rigide.
En résumé, la stratégie centrale en Belgique consiste à privilégier la négociation, l’ajustement local, la politique de coalition et le compromis pragmatique afin de marier efficacité moderniste et responsabilité sociale, sans dogmatisme, et avec une souplesse institutionnelle adaptée à la diversité interne du pays.
« La recette d’une droite relevée, un zeste de modernité. »

