La droite qui innove, la Belgique qui avance

Supprimons l’obligation de voter


 Dans la grande majorité des pays on a le « droit » et non l’« obligation » de voter. Sauf chez nous, où les électeurs ont l’obligation d’exercer leur droit de vote, sous peine d’amende. L’obligation de voter (1) fausse la démocratie, du moins la participation électorale, en amenant devant les urnes des centaines de milliers de personnes qui n’y viennent que sous la contrainte. Et cette contrainte ne restaure en rien la confiance dans la politique.

En raison de la contrainte légale (amende), la participation réelle des électeurs aux différents scrutins est proche de 85 %. Mais, nos élus seraient-ils moins légitimes si la participation aux élections n’atteignait que  55 %  ?

De toute façon, depuis belle lurette, aucun élu (ministre, secrétaire d’État, sénateur, député, bourgmestre, échevin) ne l’a été par plus de 30 % des électeurs inscrits. Et pourtant il ou elle dispose légitimement de tous les pouvoirs que la Constitution belge lui réserve. Serait-il/elle « mieux élu(e) » si  45 % d’absents, a priori non motivés par l’élection, étaient obligés de venir voter pour un(e) candidat(e) choisi(e) à pile ou face ou en fonction de ses beaux yeux ?

On sait que les programmes des partis politiques, accessibles parfois avec beaucoup d’efforts sur leur site Web, sont inconnus de la quasi-totalité des électeurs. De toute façon, puisque les partis ont l’obsession d’attirer « l’électeur médian », les différences réelles entre les choix politiques sont en général très réduites, si l’on excepte les extrêmes.

Comment faire un choix entre le socialisme libéral du PS et le libéralisme social du MR, le centrisme glouton des Engagés (ex CDH) et l’hyper centrisme globaliste (fourre-tout) de Défi ? Le choix entre les bonnets rouges-blancs-bleus et bleus-blancs-rouges ne suscite pas à une envie irrépressible d’aller voter.

Le citoyen belge doit pouvoir décider que dans l’offre politique, il n’existe aucun choix acceptable. Si le citoyen a le sentiment ou la conviction que le scrutin est un jeu de dupes (la particratie ne permet pas une vraie représentativité des électeurs, ni les candidats, ni les partis, ni les programmes ne sont suffisamment inspirants et/ou crédibles) alors l’obligation de voter (de participer à un jeu de dupes) ne peut être légitime !

Les partisans de l’obligation d’exercer le droit de voter invoquent l’importance que tout le monde exprime son opinion et pas uniquement les personnes qui s’intéressent déjà à la politique. Cela permet une représentativité plus importante, notamment celle des personnes les plus précarisées, et décisions prises refléteront davantage l’ensemble des tendances de la société. Et les thuriféraires de la contrainte légale estiment que, démocratiquement, les décisions sont dès lors plus acceptables et couvertes d’une plus grande légitimité.

Mais, faut-il leur rappeler, ne pas aller voter, voter blanc ou nul c’est déjà exprimer une opinion, c’est même un acte de maturité politique un acte de défiance ou plutôt de résistance civile face à une offre politique non inspirante et non crédible.

(1) La Belgique constitue en quelque sorte une exception en Europe aux côtés de quatre autres pays: Luxembourg, Grèce, Bulgarie et Liechtenstein. Dans les faits cependant, l’obligation d’aller voter reste assez théorique, puisqu’environ 1,45 million de Belges ne votent pas. Ce qui est punissable par la loi mais, en pratique, presque jamais poursuivi. Aucun électeur n’a été condamné depuis 2003 pour ne pas avoir participé au vote.

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