La droite qui innove, la Belgique qui avance

Faire disparaître l’argent liquide est plus qu’une mesure liberticide, c’est un acte politique de désagrégation sociale !


Faire disparaître pièces et billets, c’est oublier que la monnaie est un bien partagé par une collectivité politique et sociale.

La proposition à l’étude chez les gouvernements et les banquiers centraux de supprimer les billets et les pièces n’est pas une farce. Elle s’inscrit dans la nécessité  de maintenir bas, à un niveau proche de zéro, les taux d’intérêt, pour inciter les entreprises à emprunter et les banques à ne pas conserver leurs avoirs sur leur compte Banque centrale.

Dans l’esprit de certains de nos « décideurs économiques », la prochaine étape serait d’appliquer un taux d’intérêt négatif sur les dépôts bancaires des entreprises et des ménages, afin d’inciter ces agents à « utiliser » la monnaie disponible pour favoriser l’investissement et la consommation, plutôt que de la laisser en tant qu’encaisse « oisive ». La question est aujourd’hui posée.

Mais une telle mesure ne peut être efficace que si l’on fait simultanément disparaître les pièces et les billets, qui sont un moyen de paiement alternatif au dépôt bancaire. En effet, si les dépôts bancaires sont taxés, les agents économiques utiliseront probablement en substitution les billets et les pièces, mode de paiement coûteux. D’où l’idée de supprimer simultanément le « cash », et de faire de cette mesure un levier de croissance. Cette idée est appuyée par certains économistes, dont le célèbre Kenneth Rogoff, professeur à Harvard et ancien chef économiste du Fonds Monétaire International.

Supprimer les billets et les pièces, taxer les dépôts, voilà l’idée à la mode pour relancer la croissance réelle. Cette idée ne doit pas être confondue avec celle ayant concerné la suppression des billets de 500 euros, dans le cadre de la lutte contre le financement du terrorisme.

Il s’agit, en effet, d’une proposition économique innovante, qui s’accompagne d’un changement majeur de paradigme : le taux d’intérêt, qui a toujours été considéré dans la théorie économique comme la rémunération du renoncement à une consommation présente pour une consommation future, devient la sanction de ce même comportement, c’est-à-dire de l’épargne.

Une telle proposition ignore cependant que l’une des fonctions principales de la monnaie n’est pas économique, mais sociale. La monnaie est un bien commun partagé par une collectivité, et la faire disparaître dans son expression « manuelle » est un acte politique de désagrégation sociale. Qui oserait nier que la création de l’euro a contribué, même de manière partielle, au renforcement de la citoyenneté européenne ?

Au fond, l’idée de la suppression de la monnaie sonnante et trébuchante illustre avant tout le désarroi de nos gouvernants face à l’inefficacité des politiques monétaires « accommodantes » mises en place depuis 2008 aux Etats-Unis et depuis 2011 en Europe. Ces politiques ont surtout conduit à la formation de bulles sur le marché obligataire et le marché des actions, et de façon extrêmement marginale à l’accroissement de la demande de crédit.

Après la suppression des billets et des pièces, associée à la taxation des dépôts, pourquoi n’imagineraient-ils pas alors de demander le versement des salaires sous la forme de « bons de consommation », dont la date de validité serait limitée dans le temps ? Il ne s’agirait après tout que d’une forme complémentaire de taux d’intérêt négatif…

C’est une optique étudiée chez les écologistes, qui s’intéressent fébrilement aux rémunérations sous forme de bons de consommation (chèques-repas, chèques planète, …) afin de limiter le consumérisme et canaliser la consommation des citoyens vers l’achat d’aliments et des biens durables, uniquement produits localement. Le citoyen sera progressivement aiguillé vers des magasins d’État, seuls habilités à encaisser les chèques d’État, pour acheter des biens d’État…C’est Big Brother au XXIe siècle, version Écolo…Une gigantesque transformation/dissolution de la taxe carbone dans une société « écologisée » jusqu’au trognon…

Il deviendrait progressivement de plus en plus compliqué d’acheter des voitures, des motos, des voyages en avion, etc. avec des chèques planète. Dans leur vision totalitaire du monde, les écologistes envisagent une société idéalisée où des commissions spécialisées chargées de délivrer aux citoyens, après étude de leur dossier, des autorisations individuelles d’achats, de biens ou de voyages, modulées selon leur empreinte carbone : il s’agit ainsi pour eux de pousser à des changements de comportements de la part des consommateurs. En comprimant la consommation (en annihilant le concept de consumérisme), on comprime la production (on élimine la pollution, et on sauve l’environnement).


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