
L’hôpital public belge a acquis depuis des décennies une réputation d’excellence et une renommée internationale assurant des missions de soins les plus modernes, pour les enfants et les adultes, accessibles pour tous, ainsi que les missions de recherche et de formation.
Nous vous alertons car ce système s’écroule et il n’est plus en mesure d’assurer ses missions dans de bonnes conditions de qualité et de sécurité des soins.
Déjà avant l’éclosion de la pandémie du coronavirus, des centaines de lits d’hospitalisation de médecine et de chirurgie, des dizaines de salles d’opération à l’hôpital public étaient fermés, et chaque semaine de nouvelles unités de soins fermaient.
Les conséquences : des conditions d’accès aux soins dégradées, la qualité et la sécurité des soins sérieusement menacées. L’accès au diagnostic et aux soins médicaux et chirurgicaux à l’hôpital public est extrêmement difficile, et les équipes soignantes sont démotivées.
Les délais de programmation des interventions s’allongent (d’autant plus que la pandémie avait déjà profondément désorganisé le système hospitalier en 2020), les soins urgents ne sont plus réalisés dans des délais raisonnables. Les usagers sont de plus en plus obligés de se tourner vers les établissements privés. Trop peu de recrutements de soignants sont en vue pour espérer un retour à la normale du « système sanitaire ».
Des centaines de postes de soignants (pourtant budgétisés) ne sont pas pourvus ; et plus grave encore, des soignants quittent l’hôpital public. Cela concerne les infirmiers dans les services médicaux et chirurgicaux de l’hôpital, les infirmiers anesthésistes, de bloc opératoire, les aides-soignants, les professionnels de rééducation dont les masseurs-kinésithérapeutes, les manipulateurs en radiologie, en médecine nucléaire et en oncologie-radiothérapie, les techniciens de laboratoire et les préparateurs en pharmacie. Cela concerne aussi les médecins dont les médecins anesthésistes-réanimateurs, les biologistes et d’autres catégories professionnelles.
Le résultat est une surcharge de travail quotidien croissante et un épuisement des soignants restants, ainsi que des cadres de santé, chargés de gérer au quotidien des équipes de soignants sous tension. Déjà avant l’émergence du Covid-19, pour maintenir les lits ouverts et poursuivre l’accueil des patients, il était nécessaire de faire appel aux soignants restants en leur demandant de réaliser des heures de travail supplémentaires ou à des personnels soignants intérimaires extérieurs appelés au fil de l’eau pour combler les manques mais sans expertise dans les spécificités des différents services.
La qualité de vie au travail est devenue un enjeu prioritaire des établissements de santé, car 49 % des professionnels de santé sont exposés au burn-out ; le manque de ressources et la surcharge de travail, les transports sont pour 64 % responsables de ces risques psychosociaux.
La diminution chaque année de la valeur financière des séjours hospitaliers a obligé à « produire » toujours plus de séjours et à raccourcir leur durée. Cela a été aggravé par des plans d’efficience annuels successifs, avec réduction progressive des effectifs paramédicaux des services hospitaliers pour maintenir le budget de chaque hôpital.
L’objectif national (fédéral et régional) des dépenses d’assurance-maladie, montant prévisionnel établi annuellement pour les dépenses de l’assurance-maladie, et celui en particulier consacré à l’hôpital public, est revu insuffisamment à la hausse, ce qui aggravera la situation de l’hôpital public et fait craindre le pire pour demain dans un contexte de vieillissement de la population et d’augmentation de la fréquence des maladies chroniques.
L’absence d’attractivité de l’hôpital public particulièrement est également le fait d’une non-revalorisation salariale des personnels paramédicaux (en premier lieu des infirmiers) depuis plusieurs années.
Les chirurgiens ne peuvent plus opérer, faute d’accès au bloc opératoire, et sont de plus en plus nombreux à rejoindre des structures privées.
Une disparité des salaires de base et du tarif des gardes (pour assurer la continuité de service toute l’année) de praticiens hospitaliers entre le public et le privé : jusqu’à trois fois plus dans les établissements privés. La fuite des médecins des hôpitaux universitaires met en péril la formation de toute la profession et, au-delà, le niveau de santé en Belgique.
Nos revendications sont les suivantes : réviser à la hausse l’objectif fédéral et régional des dépenses d’assurance-maladie ; revaloriser le salaire des personnels paramédicaux, infirmiers en premier lieu, et des médecins, en plus de reconnaître et de valoriser les responsabilités exercées par ces professionnels ; améliorer l’attractivité, le maintien des conditions de vie des soignants, en facilitant l’accès aux logements à proximité des lieux d’exercice des agents et en créant des places en crèche.
Outre ces mesures d’urgence, nous appelons à une refonte complète du mode de financement et de la place de l’hôpital public dans notre système de santé.
Il est urgent de retrouver les effectifs au complet dans les services hospitaliers pour permettre la réouverture pour permettre la réouverture des unités d’hospitalisation, des salles d’opération et consolider la sécurité, la qualité des soins et la formation professionnelle.

