
Alors que la mobilisation contre le réchauffement climatique prend de l’ampleur, les États se tournent vers les financiers, qui multiplient les obligations et autres fonds « durables ». Bien sûr, l’impact des portefeuilles verts sur les émissions de CO2 reste difficile à mesurer.
N’est-il pas anachronique et délicieusement paradoxal de la part des écologistes de pousser les États à appeler « la finance » (habillage sémantique pour ne pas citer l’affreux système capitaliste) à sauver le monde ?
La transition écologique impliquant des investissements importants, la finance représente forcément une extension du domaine de la lutte climatique. Aujourd’hui, le monde financier a d’ailleurs parfaitement compris que le risque climatique était devenu totalement systémique. La question est de savoir comment le mesurer et lui donner une valeur de marché.
Pour sa part, le « Mouvement Droite Moderniste » est favorable à une approche règlementaire : on ne pourra pas respecter la trajectoire d’un monde sous les 2°C de réchauffement sans imposer progressivement aux banques et aux gérants d’actifs d’aligner leurs portefeuilles sur cette trajectoire. Il n’y a pas une seule façon d’y arriver, mais les acteurs financiers (les capitalistes) devront de plus en plus montrer comment ils respectent cette exigence.
Quels acteurs capitalistes pourraient vraiment faire changer le système ? Les banques centrales, qui abreuvent le système financier de leurs liquidités, ont un immense rôle à jouer face au changement climatique. Une manière de pénaliser les plus gros émetteurs de CO2 serait en effet que les banques centrales intègrent dans leurs achats de titres financiers le risque climatique. Assez absentes des débats jusqu’à présent, elles semblent désormais avoir compris l’ampleur de la tâche, en s’organisant notamment au sein du Réseau des banques centrales et des superviseurs pour le verdissement du système financier (NGFS).
En réalité, les banques centrales ont désormais pour mission de lutter contre le réchauffement climatique. En devenant systémique, le risque climatique est entré dans leur mandat de maintien de la stabilité financière. En ce sens, l’audition de Christine Lagarde (pour devenir présidente de la Banque Centrale européenne) devant le Parlement européen avait fait jadis l’effet d’une petite révolution : elle avait clairement considéré que le changement climatique faisait partie de son mandat, tout simplement parce que la stabilité financière ne pouvait plus être assurée dans un monde à +4°C ou +5°C. Elle avait notamment indiqué qu’elle était prête à vendre progressivement les actifs carbonés détenus par la BCE. Le jour où les banques ne pourront plus échanger auprès de la BCE leurs titres financiers d’actifs carbonés contre de l’argent frais, ces derniers seront beaucoup moins liquides, et donc bien plus risqués.
D’ici là, il existe des mesures simples pour rendre la finance plus responsable. Les épargnants ont aussi un rôle à jouer. Aujourd’hui, la plupart d’entre eux ne savent pas comment leur argent est utilisé. Par défaut, on vous impose d’être un épargnant irresponsable. Il faut impérativement que cela change : tous les sondages le disent, la majorité des gens préfèrerait financer des activités plus durables.
C’est pourquoi, au MDM, nous pensons qu’il faut inverser la charge de la preuve : au lieu d’avoir à demander un produit d’épargne responsable, chaque épargnant se verrait demander s’il souhaite un produit d’épargne qui finance toutes sortes d’entreprises ou, par exemple, s’il préfère un fonds qui n’investit que dans les entreprises alignées sur l’accord de Paris.
Une telle mesure, que nous comptons porter au niveau européen, ne coûterait rien aux finances publiques, simplifierait considérablement la possibilité pour les épargnants de faire les bons choix, et donc, ferait croître de manière importante le marché des fonds responsables.
Ce qui est d’autant plus savoureux pour nous, écosophistes (environnementalistes sages et heureux) du MDM, c’est que cette voie est rendue possible par l’existence même du système capitaliste tant honni par les écologistes.

