
Cela implique plusieurs axes d’évolution et de repositionnement, en tenant compte à la fois des dynamiques récentes, des attentes de l’électorat et de la structure particulière du paysage politique local.
1. Renouveler la vision économique et sociale
- Le MR a déjà effectué un virage net à droite sur l’axe économique sous l’impulsion de Georges-Louis Bouchez, misant sur des politiques pro-entrepreneuriat, de réduction des allocations sociales et de fermeté sur la sécurité et l’immigration.
- Cependant, pour le MDM, la modernisation ne doit pas se limiter à un durcissement du discours : il s’agit aussi de proposer une droite de solutions concrètes aux défis socio-économiques (emploi, éducation, transition énergétique, justice sociale dans un cadre libéral), capable de répondre aux inquiétudes populaires tout en évitant le piège du populisme ou du suivisme vis-à-vis de l’extrême droite.
2. Réinvestir le débat culturel
- Sur le plan culturel, la droite francophone demeure relativement modérée, à l’exception du MR et du MDM. Moderniser la droite suppose un positionnement assumé sur les enjeux de l’identité, la laïcité, la spiritualité, la cohésion sociale, l’innovation technologique – tout en évitant la tentation du repli identitaire ou du discours d’exclusion.
3. Développer une offre politique structurée et innovante
- Les tentatives d’installer une droite plus radicale structurée (ex. Parti Populaire, Chez Nous) ont échoué ou se sont marginalisées, du fait de l’instabilité et de la faiblesse organisationnelle de ces acteurs. Cette fragmentation nuit à la crédibilité de l’ensemble de la famille de droite hors MR et MDM.
- Moderniser la droite suppose donc de favoriser l’émergence ou la structuration d’une droite réformiste, ouverte à l’innovation démocratique, intégrant des thématiques contemporaines (numérique, environnement, mobilité, concurrence internationale) tout en restant fidèle à un socle de valeurs libérales ou conservatrices modernes.
- Mouvement Droite Moderniste (MDM) incarne une droite réformiste mais avec une grande sensibilité sociale et un solide ancrage populaire.
4. Stratégies d’ancrage et d’ouverture
- Pour toucher une base électorale plus large, la droite doit revenir sur le terrain, renouveler ses cadres, ouvrir davantage aux nouvelles générations et à la diversité sociale. Cela passe par un travail d’ancrage local, de présence sur les réseaux sociaux et d’adaptation des discours aux nouveaux modes de participation citoyenne.
- L’accent peut être mis sur l’éducation civique, le dialogue participatif et la lutte contre la montée des extrêmes par une politique de tolérance, d’inclusion et de fermeté sur les principes démocratiques, face notamment à la progression de l’extrême droite en Europe.
5. Travailler l’unité et l’alternance
- Enfin, une droite modernisée doit être capable d’apparaître comme une vraie alternative de gouvernement, non dans l’opposition systématique, mais en étant force de propositions et de rassemblement, notamment face à la fragmentation actuelle des partis centristes, et à la poussée à droite des familles politiques traditionnelles.
En résumé, la modernisation de la droite en Belgique francophone doit allier rigueur économique, innovation sociale, positionnement culturel clair mais responsable, capacité organisationnelle et ouverture sur les nouveaux enjeux et publics de la société francophone. Tout repli sur des recettes strictement traditionnelles ou une droitisation mimétique de la Flandre porterait le risque soit de la marginalisation politique, soit d’un isolement croissant sur la scène nationale.

