
Pour qu’un nouveau parti politique instaurant la notion de « droite moderniste » se distingue clairement de la droite conservatrice, de la droite radicale et de la droite libérale classique, il doit adopter un rapport à la religion résolument différent, à la fois ancré dans la modernité et adapté aux enjeux contemporains.
1. Rompre avec l’instrumentalisation traditionnelle de la religion
Les droites conservatrices et réactionnaires en Belgique se sont historiquement appuyées sur la religion, notamment le catholicisme, comme socle de légitimité, de hiérarchie sociale et d’ordre moral.
La droite radicale, quant à elle, instrumentalise souvent la religion à des fins identitaires ou nationalistes. La droite libérale classique, bien qu’ayant évolué vers une certaine neutralité, reste marquée par la défense de valeurs traditionnelles et un rapport ambigu à la religion.
2. Affirmer la séparation stricte entre sphère publique et sphère religieuse
La modernité politique se caractérise par la séparation entre l’État et la société civile, entre la sphère publique et le domaine privé.
Une droite moderniste doit donc affirmer clairement que la religion relève de la sphère privée et ne doit pas dicter l’action publique ni servir de fondement à la légitimité politique. Cela implique de défendre la neutralité de l’État et de garantir la liberté de conscience pour tous, sans privilège ni stigmatisation d’aucune confession.
3. Valoriser la diversité et le pluralisme religieux
Plutôt que de promouvoir une religion dominante ou d’opposer la laïcité à la diversité des croyances, la droite moderniste reconnaît et valorise le pluralisme religieux comme une richesse de la société contemporaine. Elle encourage le dialogue interreligieux et la coexistence pacifique, tout en maintenant l’exigence de respect des lois et des principes belgicains.
4. Proposer une éthique commune fondée sur la raison et le débat
Une droite moderniste s’inspire de la modernité politique pour promouvoir une éthique commune, fondée sur la raison, le débat démocratique et le respect de la dignité humaine, indépendamment des convictions religieuses. La religion n’est ni rejetée ni érigée en norme, mais reconnue comme une source possible d’inspiration individuelle, sans rôle prescriptif dans la sphère publique.
En synthèse
Une « droite moderniste » se distingue par un rapport à la religion fondé sur la stricte séparation entre sphère publique et sphère privée, la valorisation du pluralisme religieux, la neutralité de l’État et la promotion d’une éthique commune indépendante de toute référence religieuse. Ce positionnement rompt avec l’instrumentalisation traditionnelle de la religion par les droites historiques et s’inscrit pleinement dans la modernité politique.

