
Alors que le thermomètre affiche des records inquiétants et réveille des scénarios d’apocalypse, c’est à la finance que les États (poussés par les écologistes), profondément démunis et désunis face à la question climatique s’adressent pour tenter de sauver le monde.
Fin 2018, à l’occasion du second One Planet Summit, à New York, Emmanuel Macron en appelait alors à l’émergence d’une finance durable et respectueuse de l’environnement. Un peu plus tard, c’est encore aux banquiers (les parangons du système capitaliste) qu’il s’adressait pour sortir l’Amazonie des flammes. Comme si, avec leurs milliers de milliards, les anciens délinquants (1) étaient les seuls capables de répondre à l’impasse sociale et écologique.
On ne peut pas complètement le nier : d’après le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), il faudrait 6 trillions de dollars (6 000 milliards $) d’investissement chaque année pour suivre une trajectoire 2°C. En ce sens la finance représente autant un danger qu’une chance pour la planète. Sur fond de remise en cause du capitalisme, le monde financier lui-même tente de transformer un oxymore en pléonasme.
Depuis quelques années, sous la pression des scandales, des catastrophes climatiques et de la société civile, une nouvelle branche d’activité s’est fortement développée : la finance dite « durable », regroupant, outre les fameux green bonds (obligations vertes), l’ensemble des pratiques d’investissement prenant en compte des critères extra-financiers comme l’environnement ou le social. Aujourd’hui, tous les gestionnaires d’actifs ou presque s’en revendiquent, affichant soit de glorieux bilans, soit des ambitions démesurées.
Selon les chiffres des acteurs du secteur, l’investissement socialement responsable (ISR) représenterait quelque 10,2 trillions de dollars en 2024, soit le quart de la gestion d’actifs aux Etats-Unis, et la moitié en Europe (2)
Alors, avant de se demander si la finance peut sauver le monde, comment expliquer qu’avec de tels encours il ne se porte pas déjà un peu mieux ?
Depuis le discours du gouverneur de la banque d’Angleterre, Mark Carney, en septembre 2015, sur la « tragédie des horizons », érigeant le risque climatique en danger systémique, la bascule incitant les investisseurs à intégrer les critères ESG (pour environnement-social-gouvernance) a vraiment lieu.
Selon cet ancien banquier de Goldman Sachs, 20 000 milliards de dollars (un chiffre récemment réévalué) de valeur boursière pourraient partir en fumée sous l’effet du réchauffement climatique. Cette allocution qui sera suivie de mises en garde répétées du FMI et des banques centrales, a fait l’effet d’un tsunami. À partir de là, la plupart des grands de la gérance d’actifs se sont mis à faire de l’intégration ESG.

(1) En 2008, l’inventivité coupable des banquiers de Wall Street a conduit à l’une des plus graves crises économiques de l’histoire. Déshonorés, conspués pour leur amoralité et leur cupidité, les financiers représentaient, aux yeux de tous, l’ennemi à abattre.
(2) En 2024, l’investissement socialement responsable (ISR) en Europe représentait environ 5 194 milliards d’euros. Cela équivaut à un peu plus de la moitié de l’ensemble de la gestion d’actifs sur le continent.
En 2024, l’investissement socialement responsable (ISR) aux États-Unis représentait environ 5,5 trillions de dollars, soit 5,500 milliards de dollars. Ce montant place la part du marché ISR américain autour de 25% du total de la gestion d’actifs aux États-Unis, une proportion nettement inférieure à celle constatée en Europe, où l’ISR pèse environ la moitié des encours.
Si vous souhaitez connaître la position des écosophistes (environnementalistes optimistes) du MDM :

