
Les meilleures mesures de stimulation économique sont …fiscales, parce que la fiscalité s’applique à tous, directement, sans intermédiaires, quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle concernée. Une fiscalité rénovée permettra des comportements économiques libérés et plus productifs en favorisant la prise de risques économiques sans crainte d’un « nunchaku fiscal » au final, tout en dégageant des pistes d’enrichissement patrimonial pour les classes les moins aisées.
Tandis que les politiques monétaires, elles, sont généralement rendues inopérantes par le mimétisme asphyxiant de leurs leviers de transmission, c’est-à-dire des opérateurs chargés d’en distribuer les bienfaits. Par exemple, quand la Banque centrale européenne lance ses opérations de refinancement à long terme des banques, celles-ci empruntent des centaines de milliards d’euros mais pour les investir en obligations de leur État, non pour les injecter dans l’économie en consentant des crédits aux entreprises et aux ménages.
Dès lors, seule une fraction de tout l’argent bon marché injecté dans l’économie par les banques centrales nationales, au gré des politiques monétaires successives, arrive à destination des ménages et des entreprises. Cette manne est en effet canalisée et captée par quelques institutions bancaires et financières intermédiaires qui choisissent de n’en faire bénéficier qu’à quelques-uns de leurs clients triés sur le volet, selon toujours la même panoplie de critères uniformes.
Autre exemple : Les pouvoirs publics saupoudrent massivement de l’argent dans le dispositif public d’aide à la création et au financement d’entreprises. Dans ce dispositif incestueux (où la plupart des organismes siègent au conseil d’administration des autres) on retrouve les mêmes acteurs, les mêmes structures (seuls les libellés changent), les mêmes méthodes et la même incompréhension fondamentale du capital- risque stricto sensu.
Dès lors peu de TPME (très petites, petites et moyennes entreprises), pas forcément les plus nécessiteuses (comme les vraies startups), les mêmes d’ailleurs qui obtiennent des crédits bancaires, en profitent. Celles qui se coulent dans le moule du processus de sélection uniforme et restrictif des chenaux du dispositif. Sélection biaisée fondée sur des critères typiques dépassés…
Ainsi, d’un point de vue macro-économique, les intermédiaires financiers habituels, de par leur effet d’entonnoir, sont un frein plus qu’ils n’apportent une valeur ajoutée aux politiques de stimulations économiques.
Avec un système fiscal rénové, dont on change la manière de prélever l’impôt et ce que l’on en fait, il ne serait plus nécessaire de périodiquement baliser le terrain des agents économiques en créant couche après couche des niches fiscales s’accumulant les unes sur les autres, comme on huilerait régulièrement les rouages grippés d’un vieux mécanisme.
En mettant davantage à contribution les héritiers oisifs, qui échappent parfois aux impôts progressifs sur les successions et les revenus (notamment au moyen de trust funds), et en taxant davantage les revenus non gagnés et les trains de vie luxueux, les agents économiques les plus riches opteront spontanément pour des comportements économiques utiles à la croissance.
En réalité, selon Thomas Piketty, auteur du best seller « Le Capital au XXIe siècle », même un taux confiscatoire de 80 % appliqué sur les revenus au-delà de 500 000 € (c’est-à-dire appliqué aux 1% des plus riches) non seulement ne nuirait pas à la croissance de notre pays, certes, à condition que nos principaux partenaires économiques européens en fassent de même, mais permettrait au contraire de mieux la répartir, et de limiter des comportements économiquement inutiles.
L’idée que tous les cadres dirigeants fuiraient immédiatement ailleurs et qu’il n’y aurait plus personne de compétent et de motivé pour diriger des entreprises manquerait terriblement de bon sens. Un taux de 80 % appliqué au-delà de 500 000 €, ne rapporterait bien vite qu’assez peu d’argent à l’État car selon toute vraisemblance il remplirait son objectif : limiter drastiquement ce type de rémunération, indécente et inutile, sans pour autant nuire à la productivité de l’économie du pays dans son ensemble, si bien que les rémunérations les plus faibles augmenteraient.
Pour obtenir les recettes fiscales dont le pays a besoin pour continuer à développer son État social et investir dans la formation et la santé, tout en réduisant son déficit public, il faudrait également remonter les taux d’imposition sur les revenus moins élevés : en les fixant par exemple à 60 % au-delà de 230 000 € (rémunération des 10 % les plus riches), aux côtés des prélèvements acquittés par les 90 % les moins riches. Une telle politique fiscale et sociale est parfaitement à la portée du pays.
En outre un impôt sur le capital peut inciter les détenteurs de patrimoines à obtenir le meilleur rendement possible. Concrètement, un impôt égal à 1 % ou 2 % de la valeur de la fortune est relativement léger pour un créateur d’entreprise hautement profitable qui parviendrait à obtenir un rendement de 10 % par an sur son patrimoine. Il est à l’inverse très lourd pour quelqu’un qui ne ferait pas grand-chose de sa fortune et qui en obtiendrait un rendement d’à peine 2 % ou 3 % par an, voire aucun rendement.
Dans la logique incitative, l’objectif de l’impôt sur le capital est précisément d’obliger celui qui utilise mal son patrimoine à progressivement s’en défaire pour payer ses impôts et à céder ainsi ses actifs à des détenteurs plus dynamiques. Bien entendu, il ne s’agit que de s’inspirer de cette logique incitative pour dynamiser la gestion de patrimoine, pas de l’appliquer exagérément pour déposséder les plus fortunés…
Nous savons bien que sans rénovation en profondeur de notre fiscalité il serait illusoire d’être en mesure d’augmenter significativement le pouvoir d’achat des ménages. Nous comptons sur une réforme fiscale massive pour financer les mamelles de notre programme politique : social-libéralisme, justicialisme, environnementalisme…


Une réponse à “Il y a bien plus efficace que les politiques monétaires pour accélérer la croissance de l’économie”
Très bonne idée révélée dans cet article. Merfci