La droite qui innove, la Belgique qui avance

Défi idéologique du justicialisme


Allier, en Belgique, une « droite moderniste » (droite social-libérale tournée vers l’innovation, l’efficacité socio-économique et parfois la rénovation de l’État-providence traditionnel) et le « justicialisme » (doctrine centrée sur la justice sociale, une forte intervention de l’État et l’alliance des classes populaires avec le pouvoir politique) représente un défi idéologique important, car ces deux courants reposent historiquement sur des valeurs et des priorités distinctes.

Difficultés et points de convergence éventuels

  • La droite moderniste belge, incarnée aujourd’hui par le Mouvement Droite Moderniste (MDM), s’est nettement positionnée à droite sur le plan socio-économique, prônant la réduction de la fiscalité, la priorité à la responsabilité individuelle et un certain libéralisme, s’éloignant ainsi du modèle social traditionnel belge.
  • Le justicialisme, de tradition latino-américaine, est quant à lui marqué par une recherche active d’égalité sociale, une méfiance envers le marché laissé à lui-même, et une valorisation du rôle protecteur et redistributeur de l’État.

Mais, dans le contexte belge contemporain, certaines articulations sont possibles autour :

  • d’une volonté de réforme de l’État pour le rendre plus efficace sans pour autant démanteler les mécanismes de solidarité sociale hérités de l’histoire belge ;
  • d’un accent mis sur une méritocratie sociale qui promeut l’ascension des classes populaires par l’éducation, le travail et l’accès aux droits fondamentaux, tout en gardant une place au secteur privé ;
  • d’une lutte contre les inégalités via des politiques ciblées (et non systématiquement universelles), ce qui pourrait plaire à la fois à la droite moderniste et aux tenants d’un certain justicialisme.

Obstacles structurels belges

  • Le droit belge et ses traditions juridiques mêlent héritage libéral, influence catholique et social-démocrate, souvent encadrés par un système complexe de contre-pouvoirs et une démocratie représentative marquée par le compromis. Les tentatives de réforme majeure, surtout si elles mettent en cause la solidarité nationale, sont rendues difficiles par la structure fédérale et les sensibilités communautaires.
  • La droite libérale classique, aujourd’hui incarnée par le MR, s’est distanciée des modèles d’État-providence, laissant la place du centre droit et du compromis social à d’autres partis ou alliances.

Feuilles de route possibles

Pour allier ces deux courants, la synthèse programmatique du MDM consiste à :

  • promouvoir un État stratège, garant de la justice sociale, qui rationalise et cible son action (réforme des dépenses publiques pour plus d’efficacité sans casser la solidarité) ;
  • favoriser l’investissement dans l’éducation, la formation professionnelle et l’entrepreneuriat populaire, pour articuler méritocratie libérale et promotion des classes populaires ;
  • défendre un ordre public ferme (aspect « moderniste »), mais soucieux d’inclusion et de respect des droits fondamentaux (aspect « justicialiste »).

En somme, en Belgique, ce type de synthèse est rare dans la pratique partisane actuelle et sera plus crédible à travers la formation de plateformes citoyennes ou de coalitions transversales prônant simultanément l’efficacité économique et l’exigence de justice sociale. Il s’agira moins d’exporter le justicialisme originel que de créer une version belge de la « droite sociale », attentive à l’accès à la justice, à l’équité et à l’efficacité, dans un esprit post-idéologique adapté à la réalité fédérale belge : la droite social-libérale du MDM.

« L’avenir enraciné dans l’essentiel« 

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