
Maxime Prévot, ministre des Affaires étrangères ouvre la voie à de nouvelles taxes pour financer les dépenses militaires, en affirmant que plus aucun tabou n’est possible.
Atteindre les 5 % du PIB pour la défense alors que notre pays est déjà surendetté et que la population et nos entreprises sont surtaxés est une funeste fable.
Devrions supprimer notre modèle social au profit d’un renforcement marginal de notre sécurité militaire ? Bien sûr que non ! Pour une raison bien simple : notre sécurité est de fait naturellement garantie par l’exceptionnelle situation géographique de la Belgique. En effet, pour que les chars russes puissent prendre possession de la Grand Place de Bruxelles, ils devraient traverser les territoires inviolables de tous les pays membres de l’OTAN qui entourent notre Royaume. Ce qui est pratiquement impossible, que ce soit par ciel, par mer ou par terre. Même leurs missiles devraient survoler l’espace aérien des pays frontaliers de la Belgique, tous membres de l’OTAN.
En outre, quelle est la réalité de la défense collective de tous les alliés ? Quel est le degré de protection offert réellement à la population belge ? Quelle est la validité de l’article 5 du Traité de l’Atlantique nord ? Que vaut cet engagement, aux yeux d’un président américain dont les déclarations ne cessent de jeter le doute sur la valeur de l’article 5 ?
Maxime Prévot souhaite un débat sans tabous ? Eh bien, chiche ! Commençons par cette idée : quid si la Belgique quittait l’OTAN ?
Certes, nous perdrions quelques investissements d’infrastructures et quelques milliers d’emplois liés à la gestion des quartiers généraux de l’OTAN et du SHAPE. Mais cela représenterait un manque à gagner de tout au plus 300 millions d’euros annuels. Tandis que la contrainte (réellement insupportable pour la population belge) de 5 % du PIB belge représente une charge financière supplémentaire de plusieurs milliards d’euros (entre 24 et 32 milliards €, chaque année) sur le dos des contribuables (particuliers et entreprises), avec en prime, la destruction significative de pans entiers de notre sécurité sociale (pensions, chômage, soins de santé…).
Notre « cher » ministre clame « engagé » que « seul, sans alliés en Europe et dans l’OTAN, la Belgique ne serait pas en capacité de protéger sa population ». Eh bien, rappelons-lui aimablement que l’Autriche et la Suisse, deux pays européens non membres de l’OTAN, ne se posent pas les mêmes questions existentielles.
L’appartenance à l’OTAN ne nous protège pas beaucoup plus que ne le fait déjà notre exceptionnelle situation géographique, mais par contre elle nous oblige à participer indirectement voire directement à toute guerre que déciderait l’OTAN, comme elle le fait actuellement, en contradiction avec ses statuts, en l’Ukraine.
En fait, notre ministre nous engage à payer une cotisation colossale à l’OTAN, pour avoir le droit de dépenser davantage dans toute guerre que pourra nous imposer l’OTAN. Et pour cela, le gouvernement actuel est prêt à sacrifier des pans entiers de notre modèle social, le dernier ciment de la population belge déjà fort abîmé par l’afflux de migrants et de réfugiés.
Que feront les pensionnés, les chômeurs, les handicapés, les malades, les sans-emplois si on les appauvrit davantage ? Ils n’auront plus grand-chose à perdre et manifesteront leur colère, rejoints probablement par les classes laborieuses qui elles aussi se retrouveront dans des difficultés accrues.
Le coût croissant de la défense belge via l’OTANest tout à fait disproportionné par rapport aux avantages obtenus. L’augmentation massive des dépenses (environ 6 000 € par ménage chaque année) ne sera pas compensée par des avantages stratégiques et politiques : sur le plan international, le statut de la Belgique au sein de l’OTAN et sa capacité d’influence resteront « riquiqui » puisque nous sommes un pays lilliputien doté d’une armée sympathique mais minuscule.
Notre Royaume ne joue qu’un petit rôle actif dans la coordination des opérations et des exercices conjoints, ce qui lui confère une petite voix (à peine audible) dans les grandes orientations stratégiques de l’Alliance. La Belgique, a-t-elle pour autant une meilleure position diplomatique et militaire sur la scène internationale, que la Suisse ou l’Autriche ?
Les retombées économiques sont tout au plus incertaines. Les études montrent que l’impact économique d’une telle hausse des dépenses est limité pour un petit pays comme la Belgique, surtout si les achats sont réalisés à l’étranger (notamment aux États-Unis pour l’armement, notamment les F-35). Les secteurs non liés à la défense, comme l’éducation ou l’énergie, offrent souvent de meilleurs retours économiques.
Pour notre petit Royaume, la balance entre solidarité collective et soutenabilité budgétaire est de plus en plus difficile à tenir. En outre, l’OTAN n’a pas besoin de la Belgique étant donné le renforcement substantiel des armées allemande et polonaise et l’adhésion de deux nouveaux membres, la Suède et la Finlande, hautement stratégique tant ils sont bien situés géographiquement.
En résumé, l’augmentation rapide et massive des dépenses de défense, sans hausse parallèle des recettes, présente un risque élevé d’instabilité politique et sociale en Belgique, en raison de la pression sur la dette, des coupes dans les programmes sociaux, et de la fragilité du contexte politique actuel.
La Belgique est gouvernée par une coalition fragile, déjà marquée par des tensions régionales entre la Flandre et la Wallonie. Une hausse rapide des dépenses de défense à 5% du PIB représenterait un changement majeur de priorités nationales, risquant de provoquer des désaccords internes sur l’allocation des ressources et la protection des programmes sociaux.
Les dépenses sociales belges représentent 29% du PIB et constituent un pilier du consensus national. Rediriger une part significative du budget vers la défense nécessiterait probablement de réduire ces prestations, ce qui pourrait éroder le soutien public et provoquer des protestations ou des troubles sociaux, en particulier parmi les groupes dépendant de ces services.
Porter les dépenses de défense à 5% du PIB entraînerait une augmentation substantielle de la dette publique (déjà 104,7% du PIB en 2024, avec une projection à près de 119% en 2029), ce qui compliquerait la gestion budgétaire et pourrait accentuer les divergences politiques sur la manière de financer cet effort.
En effet, les deux grandes régions du pays ne bénéficient pas de la même manière des dépenses de défense : la répartition géographique des industries liées à la défense, des bases militaires et des emplois pourrait favoriser une région au détriment de l’autre. Si une région estime qu’elle porte une charge disproportionnée ou que ses priorités sociales (santé, éducation) sont sacrifiées, cela peut renforcer le ressentiment régional.
Et en cas de blocage institutionnel majeur sur la question de la défense ou de la répartition des moyens, certains acteurs politiques évoquent déjà la possibilité de repenser le cadre fédéral, voire de poursuivre des projets de développement régional en dehors du cadre institutionnel belge. La question de la solidarité interrégionale, essentielle à la cohésion du pays, pourrait alors être remise en cause.


4 réponses à “Et si la Belgique quittait l’OTAN ?”
Point de vue pertinent et intéressant. A réfléchir, certainement.
C’est contraire à l’idéologie dominante, mais c’est une piste à explorer, pourquoi pas ?
C’est absurde, sans l’OTAN nous sommes mors
Bravo