
En comparant le programme publié du Mouvement Droite Moderniste (MDM) avec les définitions académiques de l’extrême droite largement admises en science politique, on constate une différence de nature idéologique et programmatique claire.
Définition académique de l’extrême droite
Selon les travaux de politologues comme Cas Mudde, Benjamin Biard ou Frédéric Boily, l’extrême droite se reconnaît par cinq traits principaux :
- Une idéologie inégalitaire justifiant la hiérarchie naturelle entre individus ou groupes humains.
- Un nationalisme exclusif associé à la xénophobie ou au racisme.
- Un autoritarisme politique ou une remise en cause du pluralisme démocratique.
- Une rhétorique du déclin appelant à un « sursaut » souvent illibéral.
- Un discours antisystème et populiste, opposant un « peuple pur » à des « élites corrompues ».
Ces dimensions s’articulent autour d’un souverainisme identitaire et d’un rejet du contrat social égalitaire issu de la démocratie libérale.
Orientation du MDM selon son programme
Le MDM, selon ses textes officiels, se définit comme une droite moderniste, pragmatique et civique, fondée sur le triptyque mérite, innovation et responsabilité.
- Économie et fiscalité : le mouvement défend une « synthèse entre libéralisme et interventionnisme » et une fiscalité « au service du travail et du mérite », sans discours anti-riches ni naturalisation des inégalités.
- Institutions et démocratie : le MDM prône la rénovation démocratique, la responsabilisation des élus et la lutte contre la “particratie”, mais sans remise en cause du pluralisme ni de l’État de droit.
- Migration et souveraineté : il soutient un contrôle rationnel des flux migratoires, fondé sur la souveraineté et la capacité d’intégration, mais nie explicitement toute discrimination raciale ou religieuse.
- Valeurs civiques : son modernisme s’appuie sur le civisme, la participation citoyenne et le respect de la liberté individuelle, rejetant l’idéologie du “choc des civilisations”.
Comparaison structurée
| Critère académique (extrême droite) | MDM (programme 2025) | Résultat comparatif |
| Inégalitarisme biologique ou culturel | Rejeté ; valorisation du mérite individuel | Divergent |
| Nationalisme exclusif / ethnicisme | Absent ; patriotisme civique et apolitique | Divergent |
| Hostilité à la démocratie pluraliste | Rejetée ; volonté de la renforcer par réforme | Divergent |
| Rhétorique du déclin et du chaos social | Modérée ; critique du déclin de l’État mais appel à la réforme rationnelle | Divergent |
| Langage émotionnel et populiste | Ton analytique et réformiste, non émotionnel | Divergent |
Synthèse
Le MDM se distingue donc nettement des critères académiques caractérisant l’extrême droite. Là où cette dernière défend un ordre social basé sur l’inégalité, la xénophobie et l’autoritarisme, le MDM s’inscrit dans un réformisme national-civique, rationnel et démocratique. Sa critique des excès de la gauche ou du “système partisan” n’est pas populiste au sens académique, mais issue d’un projet de rationalisation institutionnelle et morale.

