
L’extrême-droite est généralement perçue comme fondamentalement anti-moderniste, car elle rejette les principes de l’égalitarisme, du pluralisme culturel et du libéralisme politique, qui sont au cœur de la modernité démocratique.
En revanche, des mouvements comme le Mouvement Droite Moderniste (MDM) en Belgique affirment incarner une droite moderne, enracinée dans des valeurs traditionnelles tout en adoptant des positions sociales et écologiques innovantes, ce qui les distingue clairement de l’extrême-droite.
Vision du monde de l’extrême droite
L’extrême droite repose sur une vision organiciste de la société, conçue comme un organisme vivant homogène, fermé et hiérarchisé, qui rejette l’universalisme au profit d’une identité collective exclusive. Cette vision s’oppose à la modernité en raison de son rejet des valeurs démocratiques libérales, de son inégalitarisme foncier et de son idéalisation d’un passé mythifié, souvent associé à un âge d’or national ou ethnique. Selon Cas Mudde (politologue néerlandais), l’extrême droite combine exclusivisme, traits antidémocratiques, déploration de la perte des cadres traditionnels et un programme socio-économique hétéroclite, parfois corporatiste ou agrarien. Cette idéologie est donc intrinsèquement réactionnaire, cherchant à inverser les effets de la modernisation plutôt qu’à les accompagner.
Modernisme politique et droite innovante
Le concept de « droite moderniste », tel que promu par le MDM, se distingue radicalement de l’extrême droite en prônant une modernité enracinée, qui conjugue innovation et responsabilité, liberté et identité, sans tomber dans l’immobilisme conservateur ou le nationalisme identitaire. Le MDM se positionne comme une alternative crédible à la droite libérale, conservatrice ou nationaliste, en défendant un État-providence fort, la justice sociale et fiscale, ainsi qu’une écologie empirique et populaire, qu’il nomme « écosophie ». Ce projet politique refuse à la fois le rejet de la diversité et l’autoritarisme caractéristiques de l’extrême droite, tout en critiquant les élites politiques et les dérives du multiculturalisme.
Distinction idéologique claire
La différence fondamentale réside dans la relation à la démocratie et à la pluralité. Alors que l’extrême droite instrumentalise la démocratie pour promouvoir une vision populiste, nationaliste et identitaire de la souveraineté populaire, souvent en opposition aux institutions supranationales et aux droits des minorités, le MDM affirme son attachement aux principes civils belges, au pluralisme culturel et religieux, et à une démocratie consensuelle qui dépasse la « particratie » endémique.
Le MDM rejette explicitement le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme, et se distingue des partis d’extrême droite comme Vlaams Belang ou Chez Nous par ses positions sociales progressistes et son refus de l’immobilisme.
Ainsi, la droite moderniste ne se contente pas de moderniser l’image de la droite : elle propose une refondation idéologique qui s’inscrit dans la modernité démocratique, contrairement à l’extrême droite, qui en constitue une négation.

