
Dans le climat extrêmement tendu qui règne dans notre Royaume, les rodéos urbains, constituent autant d’étincelles à même de ranimer l’incendie.
Le dernier en date ? Ce n’est pas difficile, selon les notes de police transmises au ministre de l’Intérieur, il y en a toutes les semaines (Anderlecht, Schaerbeek, Molenbeek et consorts). Une centaine de motos et de quads. Il y a cinq ans, une manifestation de ce type aurait fait la une des médias. Aujourd’hui il y en a tellement que la presse n’y consacre que quelques lignes.
Ces regroupements de véhicules – essentiellement des motos de type « cross », dont la conduite est interdite sur la voie publique – qui roulent à tombeau ouvert ou réalisent des « figures » dans l’espace public, en général à proximité des quartiers « difficiles ». Cette pratique est devenue un symptôme des tensions et des faiblesses de notre société.
Mêlant vitesse excessive, concentration de véhicules et spectacle acrobatique, le rodéo urbain constitue un danger évident, pour les auteurs eux-mêmes comme pour leur environnement immédiat.
Ce fléau urbain c’est le cauchemar de la saison estivale. Avec les beaux jours, les rodéos bourgeonnent. C’est une stratégie d’appropriation du territoire. Les « rodéistes » veulent dire qu’ils partout chez eux.
Techniquement, l’intervention policière est toujours compliquée. Les motos, par définition, sont très mobile, difficiles à suivre, notamment en voiture. Si les policiers essaient d’intercepter le véhicule et que le pilote se blesse ou se tue, c’est lourd de conséquences, comme l’actualité de ces jours derniers le donne assez à voir.
Mais si les policiers ne font rien et que le rodéiste renverse un piéton, c’est pareil, on leur tombe dessus en leur demandant ce qu’ils fabriquent. Sans surprise, des consignes ont été données ces jours-ci pour que les interventions visant à stopper les rodéos, qui sont déjà effectuées avec beaucoup de prudence, soient temporairement suspendues. Nos politiciens apeurés ne voulant pas verser de l’huile sur le feu.
Ensuite, quand bien même les fautifs seraient appréhendés, il y a le volet judiciaire. Si le nombre de condamnations pour participation à un rodéo a doublé en trois ans, cela prouve davantage la fréquence du phénomène que la sévérité de la justice, les peines prévues ne semblant pas de nature à endiguer quoi que ce soit. Notre code pénal est plutôt laxiste et, en outre, il n’est même pas correctement appliqué. La loi reste essentiellement déclarative…
Pour remédier à cette impuissance quasi assumée par l’État, «Mouvement Droite Moderniste » (MDM : nouvelle formation politique) propose au contraire d’oser véritablement le recours à la force.
La solution s’appelle le « contact tactique ». En gros, il faut réussir à aiguiller le motard qui fait du rodéo dans une direction où, forcé de ralentir ou de s’arrêter, il permettra aux forces de l’ordre d’intervenir. La manœuvre, délicate, nécessite une habilitation, mais elle a fait ses preuves, notamment au Royaume-Uni. Elle repose sur une balance bénéfices/risques assortie de la certitude que l’intégrité physique du fauteur de troubles est moins fondamentale que celle des piétons (ou des policiers) qu’il peut être amené à percuter.
Entre avril 2023 à mars 2024, 11102 véhicules, dont 1758 deux-roues, ont été ainsi poursuivis par la police britannique. Le contact tactique a été utilisé plus de 660 fois ; aucun mort n’est à déplorer et seuls 27 blessés graves (police incluse) sont à regretter.
Clairement, le jeu en vaut la chandelle. D’ailleurs, nous n’avons pas le choix : si on continue à ne pas punir, on sera condamnés à subir, encore et encore.
D’autant qu’en vertu de cette logique perverse née de la peur de l’émeute, plus un rodéo sera massif, violent, dangereux, moins il aura de chances d’être interrompu !
Un signal désastreux, envoyé tant aux voyous qu’aux familles des victimes qui, il faut le rappeler, sont souvent des personnes vivant elles aussi dans les quartiers « difficiles ». Des voisins, des gens simples et anonymes que les caïds méprisent.
C’est une réalité qu’il est important de rappeler, surtout en ce moment : la sévérité de la police ou de la justice n’est pas dirigée contre les quartiers « difficiles ». Elle est au contraire à leur service. Au service de tous ceux qui veulent simplement pouvoir y vivre en paix.

